Certaines grandes marques de Papier d’Art mentionnent qu’elles fabriquent leur papier sur « forme ronde » ?
Mais qu’est-ce qu’une forme ronde exactement et quel est son intérêt ?
Intéressons-nous à la question dans ce cours.

Forme Ronde, Table Plate et Moulins

Il existe principalement 3 types de fabrication de papier :

• la fabrication sur forme ronde
• la fabrication sur table plate
• la fabrication artisanale à la main feuille par feuille
  
  
  
  

Papiers fabriqués sur forme ronde

La fabrication du papier sur forme ronde est un procédé très traditionnel, le plus proche du fait main (mais sans ses inconvénients – défauts, irrégularités, …) et dont le principe est resté inchangé depuis sa création au début du XIXᵉ siècle.


Également appelée papier moulin, la fabrication de papier sur forme ronde est la préférée des artistes et particulièrement des aquarellistes.
C’est d’ailleurs sur ce genre de papier que l’on observe des filigranes et les bords à la cuve irréguliers caractéristiques de cette méthode.

La machine forme ronde est une machine de plus en plus rare de nos jours et dédiée à des papiers très spécifiques.
En effet, plus lente et onéreuse (avec une vitesse de seulement 4 à 15 m/min), elle garantit un papier haut de gamme, reconnaissable à ses bords frangés (bords à la cuve).

Sur cette machine, la feuille de papier se forme sur un gros cylindre (le fameuse forme ronde ! ) partiellement immergé dans une cuve où la pâte – à l’état liquide- est maintenue au niveau voulu.

Les fibres de papier sont retenues sur la partie du cylindre qui émerge et un feutre appliqué sur ce tambour rotatif entraîne le tapis fibreux humide (la future feuille) au fur et à mesure de sa formation.

Les feutres continuent d’acheminer le papier dans la machine.
Ils lui confèrent des finitions spécifiques sur les deux faces en fonction du type de support recherché (le grain), et drainent l’eau de la pâte à papier.

Cette feuille passe ensuite dans la section presse puis dans les cylindres sécheurs.

Les spécificités du papier fabriqué sur forme ronde :

✔️ Le tamis rond de cette machine à l’ancienne, grâce au mouvement rotatif de son cylindre, répartit les fibres sur le feutre de manière aléatoire qui s’enchevêtrent, pour une surface de papier plane et stable, qui donne un plus grand contrôle de la couleur à l’artiste.

✔️ Sur les véritables papiers à la cuve, les encres pourront donc « migrer » en toute liberté et créativité en raison de la disposition non ordonnée des fibres.

✔️ Mêlées à la pulpe au cours de la fabrication ou déposées à la surface de la feuille, les substances de collage (amidon ou gélatine) sont incorporées à la pâte à papier.
L’objectif : limiter la capacité d’absorption du papier et garantir la bonne tenue des fibres, pour un rendu optimal même après des corrections répétées. 

✔️ La machine à forme ronde garantit une qualité proche de celle des papiers produits à la main, octroyant aux papiers aquarelle d’être :

• Très résistants, car on peut utiliser des fibres de grande longueur et de qualité supérieure
• Très homogènes car la formation de feuille est améliorée avec une vitesse lente
• Très stables car les fibres sont réparties dans toutes les directions, gage d’une meilleure stabilité à l’état humide
• Élasticité (la feuille se détend uniformément lorsque vous la mouillez ; elle revient à son état d’origine en séchant)
• Avec la possibilité de fort grammage
• Avec une gamme unique de grains conférés par l’usage de feutres en laine
• Avec des bords frangés, appelés aussi bords à la cuve.
• Avec une exceptionnelle résistance au grattage, au pliage et au gommage, lorsqu’ils sont gélatinés à cœur (ajout de substances de collage)
  

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Papiers fabriqués sur table plate

La fabrication moderne sur table plate est plus rapide (la vitesse de la machine peut atteindre 105 m/min) et économique que celle sur forme ronde, c’est la plus courante de nos jours.

➜ Contrairement à la forme ronde, elle a pour particularité que toutes les fibres se déposent dans le sens de marche de la machine et assure une orientation régulière des fibres : le papier sera donc bien calibré, mais sensible aux gondolements et à l’étalement de la couleur.

Les grandes étapes de la fabrication du papier sur table plate :

1. Les fibres sont mélangées avec de l’eau dans un pulpeur.

2. Le mélange fibreux est raffiné, c’est-à-dire qu’il subit un traitement des fibres qui vise à améliorer leurs caractéristiques mécaniques et leur affinité entre elles.

3. Le mélange, ou pâte, est déversé sur une toile horizontale sans fin appelée « table de formation ». Les fibres s’agglomèrent sur la toile et forment la feuille, après égouttage de l’eau.

4. L’eau est enlevée progressivement par gravité, puis par des organes d’aspiration sous la toile.
C’est également à ce stade que certaines feuilles sont marquées grâce à un rouleau portant un motif en relief qui va laisser sa marque en creux dans la feuille : soit des vergeures (papier vergé), soit des filigranes.

5. La feuille a perdu alors assez d’eau pour que l’on puisse la déposer sur un feutre en laine ou en synthétique, qui donnera son grain au papier. Le papier passe ensuite dans des presses constituées de cylindres chauffés à la vapeur (la sécherie) où il perdra encore de l’eau.

6. Afin d’améliorer la surface du papier, une couche de gélatine est déposé à la surface du papier par une machine appelée « size-press ». Cette couche confère au papier ses qualités de surface définitives.

7. Le papier passe de nouveau dans une sècherie, afin d’éliminer à nouveau de l’eau, au contact de cylindres chauffés à la vapeur.

8. En fin de fabrication, le papier est enroulé sur une bobine appelée « bobine mère ». Suivant les qualités du papier, son grammage et les caractéristiques de la machine à papier, cette bobine peut peser de quelques centaines de kg à quelques dizaines de tonnes !

Attention au sens de pliage !

Le process papetier est une production en continu qui va générer des bobines, lesquelles seront transformées en rouleaux ou formats adaptés à l’usage final.

Le papier peut être coupé dans le sens de déroulage de la bobine : on dit alors que les fibres sont parallèles au grand côté de la feuille, c’est le sens « marche » ou « sens long » (‘long grain’ en anglais). Dans l’autre sens, on dira que le papier est coupé sens « travers » (‘short grain’ en anglais).

❗️ Dans le cas où le papier doit être plié, veiller à ce que la ligne de pliage soit dans le sens long de la feuille. Dans le cas contraire, le pliage aura tendance à endommager les fibres, au risque de les casser et de les rendre visibles au niveau du pli.

Papiers fabriqués manuellement 

Lorsque le papier est arrivé en France au XIV^e siècle, la matière première était le vieux chiffon.
Ce papier dit « papier chiffon » a perduré pendant des siècles avant que l’industrialisation ne vienne apporter de nouvelles matières pour le papier tel que la fibre de coton ou de bois (cellulose).

Aujourd’hui, le chiffon s’utilise encore pour fabriquer des feuilles de papier haut-de-gamme faites à la main.
Malheureusement, la fabrication manuelle et artisanale, feuille par feuille et à l’aide de petits tamis (appelé la forme), tend à disparaître.
Elle est néanmoins encore pratiquée dans certains moulins traditionnels. On retrouve ce papier pour la pratique de l’aquarelle notamment.


Vous trouverez ci-après 2 vidéos particulièrement bien faites sur la fabrication artisanale du papier.

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J’espère que vous en aurez appris un peu plus sur la fabrication de votre papier.
Ne reste plus qu’à s’y mettre maintenant !


À bientôt pour la suite,
Joanaa