Pourquoi commencer par le dessin est essentiel lorsqu’on est débutant ? Peut-on devenir un bon créatif sans savoir dessiner ? Pourquoi le dessin est-il obligatoirement la première étape de l’apprentissage de l’Artiste ?
Quels sont les avantages à commencer par le dessin lorsque que souhaite avoir une pratique des arts visuels quelle qu’elle soit ?
Les réponses dans cet article !

Faire ses premiers pas.

Il faut bien commencer par quelque chose !
Eh bien, dans le cas de l’apprentissage des Arts-Visuels, on commence traditionnellement par le dessin, et ce, depuis plusieurs centaines d’années !
En effet, dans la plupart des Écoles D’art en France et à l’international, vous commencerez toujours par apprendre en priorité la technique du dessin.

Le dessin est un peu ce que le solfège est à la musique.
Vous pouvez faire sans, jouer à l’oreille, néanmoins avoir des bases en solfège vous aidera considérablement dans votre pratique musicale.

Ce n’est pas un hasard si le dessin est à la base de l’apprentissage des Arts-Visuels, et il existe de multiples raisons pour lesquelles commencer par le dessin est essentiel.
Mais avant de revenir sur cela, remontons un peu dans le temps…

Les origines du dessin : de l’idée à sa représentation

Pour permettre une meilleure compréhension, il faut remonter un peu dans l’histoire et notamment aux origines du mot « dessin » dans le vocabulaire francophone.

Le mot dessin vient du latin « designare » qui signifie « marquer d’un signe, dessiner, indiquer ».

En vieux français, il évolue en « dessigner », influencé par le terme italien disegno signifiant « représentation graphique » et qui évoque à la fois la pratique, le projet et/ou l’intention.

À la renaissance, le terme italien « disegno » devient l’un des concepts majeurs de la théorie de l’art.
Plus précisément, il apparaît en architecture, au moment du Quattrocento (au début de la Renaissance), pour faire face à l’augmentation de la complexité dans les projets de construction architecturaux.
Il désigne alors une méthodologie de l’anticipation de l’œuvre à réaliser.

Ce terme « disegno » et son sens, est alors directement introduit en Angleterre dans la théorie de l’art, grâce au terme « design » à partir du XVIIᵉ siècle et est encore défini comme tel aujourd’hui.

À la même époque, le mot n’est pas directement repris dans la langue française, mais traduit par le mot « dessein » qui recouvre les deux notions de l’idée et de sa représentation.
Mais peu à peu, dessin et dessein vont se disjoindre et ce dernier se trouve vidé de son sens de représentation pour ne recouvrir que la notion d’intention.

Il n’existe donc plus de terme francophone qui désigne les deux notions à la fois, même si vous l’avez compris, dessin et dessein sont en fait le même mot.

Pendant des siècles donc, la finalité du dessin, est envisagé comme le projet d’un ouvrage.
Il résume et développe la pensée plastique de l’auteur, et lui permet de la présenter à ses clients ou commanditaires, sous une forme plus légère et demandant moins de temps que la réalisation définitive.
Pour ces raisons donc, au départ, les dessins n’étaient, en général, pas destinés à être conservés.

En effet, le dessin comme art autonome, ne visant à rien d’autre que lui-même, naît à la fin du XVIIIe siècle, des discussions dans le milieu des artistes et des amateurs sur les qualités plastiques et les principes gouvernant la peinture.

Tout ça pour vous dire que le dessin à, de part son histoire et son origine, toujours porter en lui cette notion de début, de commencement et de projet.

C’est grâce au dessin que l’Idée prend forme et passe de l’esprit à la réalité, donc autant en maitriser les bases et les techniques rapidement.

Le dessin comme ABC de l’artiste

Vous l’aurez compris, le dessin vous permettra de passer de l’idée à sa représentation, mais il deviendra également pour vous, un moyen d’explorer votre Monde Intérieur.
Commencer par apprendre le dessin permet avec peu d’éléments d’explorer et de découvrir petit à petit l’univers graphique et son vocabulaire.
Pour cela, le graphite est un outil parfait. Simple d’utilisation et économique, il permet déjà tout un éventail de possibilité lorsque l’on sait l’utiliser correctement.

Lier le corps et l’esprit

Commencer par le dessin, permettra petit à petit de lier la main, le regard, le cerveau et le cœur.

Il faut trouver un langage commun entre les yeux et la main. Pour apprendre à dessiner, les yeux doivent donner les bonnes informations à la main, car au début, elle ne possède pas beaucoup de vocabulaire.

Ce langage commun s’appelle la simplification géométrique et l’apprentissage du dessin passe par lui.

Le dessin se résume à affuter le regard, entrainer la main au geste afin qu’elle puisse traduire nos intentions exactes.
Commencer par le dessin vous aidera petit à petit à paramétrer cette connexion.

Apprendre à regarder

Le dessin permet de travailler le regard et d’affuter l’œil.
Le dessinateur en herbe analyse le monde différemment dès lors qu’il commence la pratique du dessin. Sa vision change…

Commencer par le dessin pour comprendre l’Art du volume

Grâce à la monochromie du dessin, vous pourrez plus facilement comprendre et traduire les notions de valeurs, d’ombres et de lumières, de clair et d’obscur sans vous encombrer de la couleur.
Une fois la maitrise du volume acquise, utiliser la couleur correctement sera beaucoup plus facile !

Trouver sa Voix

Le dessin permet également de découvrir votre trait, car comme on a tous une voix différente, on a tous un trait différent : doux, léger, vibrant, ou encore, fort ou marqué !
Le dessin vous permet d’exprimer votre monde intérieur puisque la ligne ne triche pas.

Le dessin comme base de travail indispensable

Enfin, le dessin vous servira de base de travail dans votre pratique créative ou artistique quelle qu’elle soit.
Ainsi, les sculpteurs utilisent souvent le dessin pour mettre à plat leurs idées, l’artisanat, l’orfèvrerie ou encore la mode demande souvent un bon niveau en dessin.
Si vous envisagez d’apprendre la peinture, le dessin est donc la première étape de votre voyage !

L’Importance du dessin vu par les artistes

Dès le premier chapitre du premier livre des Vite – Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes – Vasari donna cette définition :

« Procédant de l’intellect, le dessin, père de nos trois arts – architecture, sculpture et peinture -, élabore à partir d’éléments multiples un concept global.
Celui-ci est comme la forme ou idée de tous les objets de la nature, toujours originale dans ses mesures. Qu’il s’agisse du corps humain ou de celui des animaux, de plantes ou d’édifices, de sculpture ou de peinture, on saisit la relation du tout aux parties, des parties entre elles et avec le tout. »

Le dessin est d’autant plus essentiel qu’il est l’origine d’une œuvre.
Voici les mots du sculpteur Raymond Mason : « Le dessin est la première prise de contact. C’est aussi la pensée et plus tard le projet ».

Cette vision du dessin n’est pas différente de celle du peintre Fernando Botero :
« Le dessin est d’abord ce que l’on appelle « la première pensée ».
Une note, une ébauche… » Hors de question de s’en priver.

Reste que si Picasso affirme « En matière de dessin, rien n’est meilleur que le premier jet », un tel « premier jet » n’est ce qu’il doit être qu’au prix d’une discipline implacable, rigoureuse.

Le 1^er novembre 1880, Vincent Van Gogh écrit dans l’une des lettres envoyées à son frère Théo : « Le dessin est une lutte dure et difficile. »

La même exigence est répétée siècle après siècle.
Vasari est implacable : « Sachez bien, j’y insiste : qu’une longue pratique, poursuivie pendant des années, est la lumière même du dessin et forme les meilleurs maîtres. »

Ingres assure au XIXᵉ siècle : « Si j’avais à mettre une enseigne au-dessus de ma porte, j’écrirais : École de dessin, et je suis sûr que je ferais des peintres. »

Et Matisse confirme encore : « Ce qu’il faut, c’est savoir dessiner, alors on peut dessiner n’importe quoi, des plantes, des meubles ou la Vierge ; le principal est de le sentir, si on a déjà une écriture qui s’applique à tout. »

Balthus renchérit par ces mots : « Avec le dessin, on est au cœur du monde, et plus on dessine, plus profondément, on pénètre ce qui est ».

Enfin, Soulages confirmera cinq siècles plus tard :
« Ce qu’il faut dire, ce que je crois, c’est que, qu’il s’agisse de sculpture ou de peinture, en fait, il n’y a que le dessin qui compte. Il faut s’accrocher uniquement, exclusivement au dessin. Si on dominait un peu le dessin, tout le reste serait possible. »

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À bientôt pour la suite,
Joanaa