Qu’est-ce qu’un crayon graphite pour le dessin et à quoi sert-il ?
Pourquoi est-il devenu un outil indispensable pour tous les artistes ?
Quelles sont les différences entre tous les crayons graphites et comment bien les utiliser pour dessiner ?

Crayon à papier, crayon de bois, crayon gris ou encore mine de plomb, revenons ensemble sur les origines de cet instrument basique, si essentiel à une bonne séance de dessin.

Qu’est-ce que le graphite ?

▪️ Le graphite est un minerai extrait du sol. C’est une forme naturelle du carbone pur.
Métallique, tendre et un peu graisseux, sa couleur varie du gris clair au gris foncé.

Pourquoi utilise-t-on le crayon graphite pour le dessin ?

Pour mieux comprendre l’intérêt de cet outil, revenons ensemble sur son histoire et son évolution.

La découverte du graphite

🪨 Les premiers gisements historiques du graphite sont les mines britanniques de Seathwaite au Nord-Ouest de l’Angleterre.
Elles furent exploitées pour confectionner les mines de crayon dès le milieu du XVIe siècle.

→ La légende veut, qu’à la suite d’un violent orage, la foudre se soit abattue sur un vieux chêne à Borrowdale, près de la ville de Keswick.
En se déracinant, ce vieux chêne mit à jour un gisement de minerai noir et luisant.

→ Les bergers locaux se servirent alors de ce nouveau minerai pour marquer leur bétail. D’autres, confectionnèrent de fins bâtonnets et l’utilisèrent pour écrire.
Peu à peu, d’autres gisements dans le canton de Keswick sont découverts : c’est le début de l’aventure du Graphite !

De la Plombalgine au Graphite

▪️ Comme ce minerai ressemble beaucoup au plomb que l’on utilise à l’époque pour dessiner ou écrire, il reçoit d’abord le nom de plombagine.

La popularité de la plombalgine anglaise s’étend si rapidement à travers l’Europe que sa valeur grimpe à des sommets astronomiques !

À cette époque, la plombalgine à tellement de valeur que l’on surveille scrupuleusement l’entrée des mines. Les convois de minerai sont protégés et on déclare des saisons d’extraction extrêmement restreintes.
Pour empêcher les éventuels pilleurs de mines, on va jusqu’à inonder les galeries hors saison !

▪️ Les manufactures de crayons commencent à fleurir en Angleterre avec une exclusivité totale d’exploitation, car le minerai Plombagine est interdit à la vente à l’étranger, sauf si c’est pour le vendre sous forme de crayon.

Peu à peu, la plombagine remplace progressivement la mine de plomb utilisée à l’époque massivement comme crayon.

🔎 Ce n’est qu’en 1779, que le chimiste suédois Carl Wilhelm Scheele décide d’analyser cette fameuse plombagine, qu’il utilise pour écrire.
Il finit par prouver qu’elle est en fait composée de carbone pur et non de plomb !

Le terme graphite est alors finalement adopté en 1789 par le minéralogiste allemand Abraham Gottlob Werner, s’inspirant du grec γράφειν (graphein = écrire).

Les mines de nos crayons graphite : les origines

▪️ À l’origine, le graphite était utilisé à l’état brut dans la confection des crayons.
Problème : il adhère très mal au papier, et avec le temps, le dessin s’efface.
De plus, le matériau pur est très onéreux…

→ Pour remédier au problème, l’allemand Kaspar Faber essaye de mélanger de la poudre de graphite à des liants tels que des gommes, des résines, de la colle et d’autres matériaux, mais la qualité n’est pas au rendez-vous.

→ Vers 1795, alors que la France est soumise à un blocus, le gouvernement charge le chimiste Nicolas-Jacques Conté de trouver une solution.
Ce dernier décide alors de mélanger du graphite à de l’argile, ce qui permet d’utiliser du graphite moins pur et ainsi de faire baisser le coût de production (pour un crayon de bien meilleure qualité !).

→ La pâte obtenue est ensuite cuite à plus de 1000 °C pour donner la mine.
Ce type d’alliages est toujours la base du crayon graphite pour le dessin.

Les différentes graduations du crayon graphite pour le dessin

▪️ Aujourd’hui, les fabricants proposent un large assortiment de mines.
Pour les distinguer les unes des autres, reportez-vous à la mention inscrite sur le manche du crayon à dessin.

• La lettre H (HARD) désigne les crayons à mine dure, pour des traits fins, gris et clairs.
• La lettre F (fine point) : fine. Il s’agit du milieu de l’échelle, HB étant un peu plus tendre.
• La lettre B (BLACK) désigne les crayons à mine très tendre, pour des lignes plus larges et des remplissages plus foncés.
• La numérotation associée (2H, 4B) : indique le degré de dureté ou, au contraire, de tendresse de la mine.
  

✏️ Si vous souhaitez en savoir plus sur les différentes mines de crayons graphite pour le dessin, je vous ai rédigé un 📚 article complet sur le sujet.

Vers la fin du graphite ?

▪️ Le graphite est un minerai étonnant !
Très résistant, c’est par ailleurs un excellent conducteur d’électricité et de chaleur. Il est recherché pour de multiples usages dans l’industrie et les technologies de pointes.

▪️ Il est aussi de plus en plus utilisé dans la fabrication d’accumulateurs électriques (piles alcalines et batteries au lithium) pour les véhicules hybrides et électriques.

▪️ Depuis 10 ans la demande industrielle pour le graphite connait donc une forte croissance à tel point qu’il est devenue l’une des 14 matières premières critiques dont la Commission européenne a dressé la liste du fait que ce minerai va devenir dans quelques décennies une ressource de plus en plus rare. (sources)

On prévoit la fin du graphite pour 2062. (oui, c’est précis)

✏️ Alors profitons-en donc pendant qu’il en est encore temps !
Allez, à vos crayons !