Edward Hopper, sa vie, son œuvre.

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Qui était le peintre Edward Hopper ? Que sait-on vraiment de sa vie ?
Retour sur la biographie d’un des peintres américain les plus connus de l’histoire de la peinture.

Les débuts d’Edward Hopper


Originaires de l’état de New York aux États-Unis, les Hopper étaient de modestes commerçants du village de Nyack, dans la vallée de l’Hudson.

Fervents baptistes, ils élevaient leurs enfants, Edward et Marion, dans l’interdiction de boire et de danser.

Quand Edward fit preuve d’aptitudes artistiques prometteuses, ils acceptèrent qu’il développe son talent pour devenir illustrateur.
Que leur fils puisse devenir un véritable artiste professionnel, leur était tout simplement inconcevable !
Ils l’inscrivirent donc dans une école d’illustration new-yorkaise, mais le jeune homme s’irrita rapidement de l’approche mécanique de l’établissement.


L’année suivante, il parvint à convaincre ses parents, qu’il s’en sortirait, mieux à la New York School of Arts, où il ne tarda pas à délaisser l’illustration au profit des Beaux-Arts.

L'artiste Edward Hopper et sa sœur Marion.
Marion et Edward Hopper enfants.


Au bout de six ans, il estima qu’il était temps de partir étudier à Paris.
En effet, à cette époque, les artistes américains cherchaient toujours leur inspiration du côté de l’Europe et les artistes les plus connus travaillaient à Paris ou à Londres.


La mère du jeune homme fut difficile à persuader, mais elle finit par lui trouver un logement à la mission Baptiste de Paris, (pas de taudis à Montparnasse pour son petit Eddy !).
Une fois sur place, il lui écrivait régulièrement pour lui détailler la qualité de ses repas et l’état de ses sous-vêtements.

Le peintre à Paris
Edward Hopper en 1907 à Paris.

Au cours des quatre années suivantes, Edward Hopper se rendit trois fois en Europe.
Son art se francisa beaucoup, et il adopta aussi bien la légèreté du pinceau, que les décors contemporains des Impressionnistes.
De retour aux États-Unis, il s’empressa d’exposer ses tableaux représentant des scènes et de cafés parisiens. Mais… : Aucune réaction.
Il vendit une toile en 1913 et cette unique réussite fut suivi de 10 ans d’échec.

"Pont Sur la Seine", 1909
« Pont Sur la Seine », Edward Hopper, 1909


Obligé de pratiquer l’art commercial, auquel ses parents l’avait tout d’abord destiné pour se nourrir, il se mit à haïr ce travail et, plus encore, le fait de devoir se vendre aux clients potentiels.
On sait d’ailleurs, que lorsqu’il devait aller démarcher auprès d’une agence de publicité, il lui fallait faire plusieurs fois le tour du quartier avant de se décider à entrer !

Affiche publicitaire réalisé par Edward Hopper en 1919 
(poster patriotique)
Affiche publicitaire réalisé par Edward Hopper en 1919
(poster patriotique)

Renouveau urbain


En vacances à Gloucester, dans le Massachusetts, durant l’été 1923, Hopper tomba sur Joséphine Nivison, une artiste qu’il avait rencontré durant son séjour en école d’Art.
Cette femme moderne et diplômée était à la fois enseignante et comédienne. Elle partageait autant la francophilie de Hopper, que sa dévotion à la vie d’artiste.
Ils se marièrent au mois de Mai suivant.
Tous les deux formaient un étrange couple : Hopper, 41 ans, était un grand homme dégingandé de presque 2 mètres et Jo, 40 ans, mesurait à peine 1,50 m et pesait moins de 50 kg.

Leur mariage ne fut pas l’unique grand tournant de l’année 1923 pour Hopper.
Il s’était en effet mis à la gravure, ce qui lui valu de recevoir plusieurs invitations à exposer. Cumulé à la vente de ses aquarelles et huiles, il put définitivement laisser tomber l’illustration.

Josephine Nivison
Josephine Nivison Hopper

Peu à peu, Edward Hopper se débarrassa de ses influences françaises et commença à se concentrer sur des décors américains, tel que la côte de la Nouvelle-Angleterre, avec ses fameux phares blancs.

Il s’intéressa également à l’Amérique urbaine, non pas aux prestigieux gratte-ciels et aux grands monuments, mais plutôt aux façades de pierres brunes, aux enseignes de pharmacies et aux bureaux miteux des villes de l’époque.
Une fois qu’il eut adopté ces scènes typiquement américaines, sa popularité décolla.
Visiblement, ses compatriotes avaient soif d’images représentant leur quotidien !

Edward Hopper, Drug Store, 1929
Edward Hopper, Drug Store, 1929

Edward Hopper et la vie de couple


Dans les années 1930, la vie de Jo et d’Edward Hopper pris un rythme plus organisé.

Ils passaient leurs hivers dans leur appartement, au cinquième étage sans ascenseur, (74 marches) de Greenwich Village, dont le confort se limitait à un poêle à charbon et à des toilettes sur le palier.

L’été venu, ils partaient pour le sud-ouest du pays, ou au Mexique, puis, ils se rendaient au cap Cod dans le Massachusetts, où ils vivaient dans un minuscule cottage jusqu’aux premiers froids.

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Jo gérait les comptes de son époux et lui servait de modèle pour ses personnages féminins, mais les relations du couple étaient orageuses.

La bavarde Jo supportait mal les silences interminables de Hopper, qui, de son côté, reprochait à sa femme, sa réticence à s’occuper des tâches domestiques.
Même s’il avait admiré son indépendance à l’époque où il l’avait courtisé, il escomptait qu’une fois mariée, elle se transforme en fée du logis à l’ancienne et passe ses journées à préparer des tartes.

Leurs rapports physiques étaient également difficiles, car Jo, qui était vierge au moment du mariage, se plaignait de l’insensibilité sexuelle de Hopper.

La peinture de Jo était un encore plus grand sujet de discorde.
En effet, son mari ne respectait pas son talent et ne s’en cachait pas le moins du monde !
En effet, Hopper était assez cruel pour la railler en public, ainsi que toutes les femmes artistes par la même occasion.
Il serait donc tentant de chercher dans ses toiles, une expression de ses conflits avec son épouse. Ses personnages communiquent rarement entre eux et ses couples semblent particulièrement distants.

Edward Hopper, Room in New York, 1932
Edward Hopper, Room in New York, 1932

Scènes de Romans Noirs


Le début de la Première Guerre Mondiale terrifia tellement Jo qu’elle prépara ses valises pour le cas où il faudrait évacuer la ville d’urgence.
Hopper resta impassible en apparence, mais les tensions ressortir dans son art.
Bien que le rapport avec la guerre ne soit pas direct, ‘Les oiseaux de nuit‘, sa plus célèbre, toile, peinte en 1942, laisse transparaître en filigrane l’anxiété de l’époque.

Edward Hopper, Nighthawks, huile sur toile, 84,1 × 152,4 cm, 1942.
Edward Hopper, Nighthawks, huile sur toile, 84,1 × 152,4 cm, 1942.


Dans ce tableau, les clients d’un restaurant de nuit sont assis devant leur café, pensifs. Ils semblent prisonniers d’un aquarium de lumière, dont les vitrines permettent aux lueurs artificielles de se projeter dans la rue sombre.

Les détails sont précis, jusqu’au calot blanc du serveur et à la teinte verdâtre des anciens éclairages fluorescents de l’époque.
Cette scène pourrait être totalement innocente, mais l’absence de communication entre les personnages, leurs visages fermés et leurs gestes ambigus lui donnent quelque chose d’inquiétant.

Puisque Hopper ne fournit aucune histoire, en tant qu’observateur, on ne résiste pas à inventer une. Et c’est, d’ailleurs, le cas avec bon nombre de ses tableaux.

E. Hopper, Office at Night, 1940.
E. Hopper, Office at Night, 1940.

Prenons par exemple, « La nuit au bureau« , dans lequel on voit un homme assis à son bureau, tandis qu’une femme se tient près d’une armoire à dossiers.

Il est facile d’imaginer une intrigue sordide, tout droit sortie d’un roman noir.
D’ailleurs, les réalisateurs de ce genre de films adoraient, la peinture de Hopper et s’en sont souvent inspirés pour leurs visuels.

Edward Hopper détestait que ces tableaux, raconte une histoire et a d’ailleurs déclaré au sujet de « la nuit au bureau » : ‘ j’espère qu’il ne racontera pas une anecdote trop évidente, car il n’y en a pas ‘.

Dernière révérence


La fin de la Seconde Guerre Mondiale fut également le moment de l’ascension de l’expressionnisme abstrait, dont la non-figuration brutale notamment incarnée par les drippings de Jackson Pollock.

Hopper continua opiniâtrement sur la voie réaliste qui était la sienne, considérant l’art abstrait comme du charabia.
Au fil des décennies suivantes, ses tableaux devinrent néanmoins de plus en plus épurés.
Certains d’entre eux ne représentent d’ailleurs que la pure géométrie de la lumière du soleil dans une pièce vide.

E. Hopper, Sun in an empty Room, 1963
E. Hopper, Sun in an empty Room, 1963

Dans les années 1960, Hopper commença à avoir des problèmes de santé, mais il continua à travailler aussi longtemps que possible.


Pour son dernier tableau, (et il savait que c’était le dernier), « Deux comédiens« , il choisit de représenter deux acteurs de la Comedia Del’ Arte sur scène à la fin de la pièce : Jo et lui, en train de tirer la référence.

E. Hopper, Two Comedians, 1965
E. Hopper, Two Comedians, 1965



Le peintre trépassa dans son appartement de Greenwich Village qu’il aimait tant, le 15 mai 1967.
Malgré leur relation tourmentée, Jo fut anéantie.
Dans sa correspondance de l’époque, elle se décrit comme une amputée, ‘une moitié coupée et sanguinolente‘. Elle est morte moins de 10 mois plus tard.

L’influence d’Edward Hopper est difficile à définir. Il était une voix isolée, appelant au réalisme dans un monde d’abstraction.
Néanmoins, des artistes figuratifs ultérieurs tels qu’Andrew Wyeth et David Hockney lui sont grandement redevables.

Aujourd’hui, l’œuvre de Hopper est saluée comme la quintessence de l’Américanité et louée pour avoir su capturer l’esprit du milieu du XXe siècle aux États-Unis.

Hopper n’appréciait pas totalement cette étiquette : il a un jour déclaré que toutes ces histoires d’American Scene le rendait fou, car les peintres français ne parlaient pas de scènes françaises.
Cependant, il souhaitait que l’art de son pays évolue vers quelque chose de local et de distinctif.
Ce qui est certain, c’est qu’Edward Hopper a incontestablement été le premier à peindre des chefs-d’œuvre typiquement américains.

Edward Hopper

🎨 À bientôt pour la suite !
Joanaa

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